Le nom scientifique est basé sur le système binominal, créé par Linné au XVIIIe siècle. Chaque plante ou animal possède un nom de genre suivi d'un nom d'espèce, tout deux sont des termes latins ou latinisés. Le binôme s'écrit en italique et seul le nom de genre prend une capitale. Par exemple : Atyopsis moluccensis. Ce système est universellement utilisé par la communauté scientifique dans le monde entier.
Le nom scientifique n'est pas une "coquetterie" flattant l'orgueil de l'amateur capable de prononcer des mots savants devant une assemblée sans ciller : il présente l'avantage d'être le même partout dans le monde, quelle que soit la langue. Ce qui n'est pas le cas du nom commun, qui peut varier même d'une région à l'autre à l'intérieur d'un pays!
Certains crustacés n'ont pas encore reçu de nom valide (description en cours, notamment), on peut donc opter pour un nom de genre suivi de sp. (abréviation de species, terme utilisé quand l'espèce est indéterminée) et de l' "appellation commerciale ou géographique" couramment employée (par les récolteurs, les exportateurs, les grossistes ou les amateurs eux-mêmes), placée entre guillemets. Le nom de genre est parfois suivi de cf. (confer = "à comparer avec") et du nom d'espèce quand le crustacé non décrit est proche d'une espèce existante, mais présente des différences suffisantes pour l'en distinguer. Là encore, ce nom est suivi d'une "appellation commerciale ou géographique", car il est possible que deux crustacés non décrits présentent des similitudes avec une seule et même espèce. Par exemple : Caridina cf. cantonensis "Crystal Red" et Caridina cf. cantonensis "Tiger".
Ces deux "formes" paraissent proches de Caridina cantonensis, mais présentent suffisamment de différences entre elles pour être distinguées.
A l'heure actuelle, il existe encore une très grande confusion quant aux espèces décrites, certains noms seront certainement invalidés ultérieurement. La célèbre crevette d'Amano, par exemple, connue des amateurs durant près de 20 ans sous le nom de Caridina japonica, et qui après avoir subi une révision a été renommée Caridina multidentata en 2006. Dans la mesure du possible, la littérature actuelle indique les synonymes (noms précédents invalidés), utilisés dans la littérature plus ancienne, afin que le lecteur puisse trouver des informations sur son crustacé sur l'un ou l'autre nom. Quant aux espèces indéterminées, connues provisoirement sous une appellation commerciale ou géographique, elles vont changer de nom lorsqu'elles feront l'objet d'une description scientifique. Par chance, les scientifiques spécialistes des crevettes et des écrevisses n'ont pas encore créé différentes "écoles", chacune privilégiant un nom scientifique à un autre lorsqu'il y a synonymie. Cela existe dans d'autres domaines de la zoologie, comme chez les poissons, et notamment les Cichlidées.
[Extrait de "Les crevettes & écrevisses d'eau douce", de Philippe CHEVOLEAU]